DECOUVERTE DE ROCQUEFORT, SON HISTORIQUE ET SON PATRIMOINE
Notre charmante Commune de Rocquefort est située dans le département de Seine-Maritime en Normandie. Au pied des pentes qui la limitent au Nord et à l’Ouest coule un drôle de petit ruisseau, le Vert-Buisson.
L’altitude moyenne de Rocquefort est de 120 mètres environ. Sa superficie est de 5.36 km². Sa latitude est de 49.667 degrés Nord et sa longitude de 0.693 degrés Est.
Les villes et villages proches de Rocquefort sont : Envronville à 1.88 km, Hautot-le-Vatois à 2.24 km, Cliponville à 2.65 km, Autretot à 3.32 km et Héricourt-en-Caux à 3.56 km. Les distances avec ces communes proches de Rocquefort sont calculées à vol d’oiseau.
L’EGLISE NOTRE-DAME DE L’ASSOMPTION
Le village dressé au-dessus de la vallée de la Durdent rappelle que Rocquefort était une place fortifiée. Aujourd’hui, l’église en pierre, reconstruite au XIXe siècle dans le style néo-roman en remplacement d’une première église du XIIe siècle, consacrée à saint Denis et dont il ne reste plus aucune trace, domine les coteaux boisés et verdoyants. À découvrir, les deux statues de la Vierge à l’Enfant, les reliquaires, la statue de saint Hildevert, jadis objet d’un pèlerinage important.
Rocquefort signifie le château fort construit sur une roche, du latin rocca, qui signifie roche au sens ancien de place fortifiée. L’adjectif fort renforce l’idée exprimée par roche. Notre village doit son nom à une motte défendue par des remparts en caillou.
Du temps de Guillaume le Roux, successeur de Guillaume le Conquérant, Rocquefort est une importante fortification dressée à l’aplomb de la vallée de la Durdent. Entre 1135 et 1164 apparaît Guy de Rocquefort, témoin de Gautier III Giffard, dans quatre actes. C’est ensuite le nom des Hotot qui est lié à Rocquefort, demi-fief relevant de la baronnie de Cleuville qui fait partie des biens de la famille d’Estouteville dès la seconde partie du XIIe siècle. Au XIIIe siècle, la présentation de cette cure appartient alternativement au roi et au seigneur du lieu. Un prêtre de la Madeleine de Rouen vient desservir la paroisse. En 1299, le roi Philippe le Bel, Nicolas de Hautot, Robert de Montigny et Marie, sa femme, donnent cette église au prieuré de la Madeleine de Rouen. En 1503, le registre des fiefs donne l’aîné des Martel, Antoine de Bacqueville, pour seigneur du lieu. En 1610, Rocquefort a pour seigneur Lecourt de Brissac, maréchal de France, et à partir de 1762, Jean-Baptiste-Marie Dandasne, conseiller au Parlement en 1729 et président à mortier de 1748 à 1770.
LE CHATEAU
Le château est construit par Jean-Baptiste-Marie Dandasne, fils de Robert Dandasne, conseiller au Parlement, et d’Elisabeth Baudouin du Basset. Il est propriétaire du domaine à partir de 1762. L’héritage de Jean-Baptiste-Marie Dandasne vient à la famille Lever. Le château de Rocquefort est pendant longtemps la résidence du marquis de Lever, ancien colonel de cavalerie dans l’armée de Condé. Il constitue à Rocquefort une bibliothèque très importante, connue des savants par ses documentations historiques et ses manuscrits de grande valeur. Cette collection est vendue et dispersée à la fin du XIXe siècle. Sur le fronton sont encore gravées des armoiries, certainement celles du constructeur.
Le marquis de Lever mourut le 8 octobre 1840 en son château de Rocquefort et fut inhumé dans la chapelle qu’il avait fait construire deux ans plus tôt, dans l’angle Nord du cimetière. Son neveu et héritier, Edouard de Cossette, chef d’escadron se voua lui aussi aux études historiques et archéologiques et mourut à Rocquefort le 29 janvier 1849 où il fut enterré près de son oncle.
Le domaine fut légué aux neveux d’Edouard de Cossette. Il passa ensuite par expropriation le 31 mai 1879 à Mr et Mme Chopin de Battine qui le revendirent la même année à Jules Augustin Lepicard. Ce dernier le céda le 18 juin 1904 à la famille Dupasseur.
Il fut occupé pendant la dernière guerre, du 16 juin 1940 à fin août 1944, par les Allemands (école de chars et unité SS) et ensuite par les Américains.
Le château a subi de nombreux dommages pendant la guerre. Il fut acheté ensuite par la famille Decoëne qui en est l’actuelle propriétaire.*
LA CHAPELLE LEVER
La Chapelle Lever se situe à l’angle Nord du Cimetière. Les quatre contreforts placés à chaque angle sont couronnés de clochetons et deux croix de pierre terminent chaque pignon. Ce dortoir funèbre long de 4 m sur 8 m est éclairé à chaque bout par une rose et de chaque côté par une fenêtre ogivale surmontée d’une quatre feuilles.
La construction est en pierre de Caen et le style dominant est celui du XVe siècle. Dans le fond est une grande niche ornée de colonnettes, dans le genre de Saint Ouen de Rouen et de la Sainte Chapelle de Saint Germer. Le fronton du tympan est rehaussé de crochets à feuilles de chardons et d’anges qui présentaient dans leurs mains les armures de la famille Lever. A droite et à gauche sont des pyramides engagées d’un style très électrique. Sous l’arcade est une « Mater dolorosa » en grand relief. L’autel n’est qu’une table de pierre posée sur une masse en briques revêtue de panneaux décorés dans le style du XIVe siècle. Chaque bout est terminé par des détails pleins de goût. Au côté de l’épître est une jolie piscine avec sa crédence.
Le caveau souterrain de cette chapelle est disposé pour dix tombeaux en pierre. Il n’y en a que 4 d’occupés : Le Marquis de Lever et son épouse et le Comte de Cossette, neveu du Marquis de Lever, et son épouse y reposent.
LE VERT-BUISSON ET SA LEGENDE
Ruisseau légendaire, le Vert-Buisson, qui sort de terre au pied de la Motte du Catelier, située sur le plateau, a toujours fait parler de lui au cours des siècles. Ce ruisseau actionnait autrefois les moulins d’Eclope Raine et de Termolin aujourd’hui disparus, vraisemblablement en raison de son débit fantaisiste.
La particularité de ce ru qui parcourt une vingtaine de kilomètres avant de se jeter dans la Durdent à Héricourt, c’est son intermittence et son irrégularité. La résurgence du Vert-Buisson apparaît et disparaît en effet sans qu’on en connaisse les raisons. Son comportement instable et inexpliqué jusqu’à présent (on suppose que sous terre, en amont, le ruisseau traverserait une sorte de siphon quasiment bouché par une masse d’argile qui jouerait en fonction des alternances des périodes de sécheresse et de pluie) est à l’origine d’une croyance locale qui se serait déjà vérifiée par le passé. Cette légende orale dit que lorsque le ruisseau coule, c’est le signe prémonitoire d’une catastrophe nationale comme la peste, la sécheresse ou la guerre…
LES BERUBE, D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Notre village est connu au Québec. Un enfant du pays, Damien Bérubé, a quitté Rocquefort en 1671 et rejoint la Nouvelle France.
Damien Bérubé est né à Rocquefort le 1er février 1647 et a été baptisé le lendemain dans l’ancienne église Notre-Dame. Il était le fils de Robert Bérubé et de Catherine Ferrecoq et exerçait le métier de maçon. Il est particulièrement intéressant de noter que le sieur Jean-Baptiste Deschamps de Boishébert, Chevalier, Seigneur du Boishébert, de Beuzeville-la-Guérard, du Montlévesque, d’Anvronville, de Hautot-le-Vatois, de Rocquefort et du fief Hancelin (1634-1662) est le parrain de Damien. Le certificat de baptême est conservé à l’Hôtel de Ville de Fauville-en-Caux. Nous ignorons les liens qui unissaient la famille du Seigneur de Boishébert et celle des Bérubé.
Damien Bérubé s’embarqua au port de Dieppe vers la fin de juin 1671 sur le navire « Le St-Jean-Baptiste » et arriva à Québec le 15 août 1671.
Jean-Baptiste Deschamps, Seigneur de Boishébert, Sieur de la Bouteillerie, accompagné de deux charpentiers, deux maçons (dont Damien) et quatre manoeuvres venait en Nouvelle-France pour y prendre possession de la seigneurie que lui avait octroyée le Roi. Damien devait ainsi participer à la fondation de la seigneurie de la Bouteillerie, à Rivière-Ouelle, où il reçut une concession de Monsieur de Boishébert, le 27 septembre 1676. Il épousa Jeanne Savonnet à l’Islet, le 22 août 1679. Cette dernière était veuve de Jean Soucy dit Lavigne, avec qui elle avait eu 4 enfants. Elle en eut six autres avec Damien. C’est à la Rivière-Ouelle qu’il vécut sa courte existence, sur la terre qu’il avait défrichée, jusqu’à ce qu’une mort prématurée vienne l’emporter à l’âge de 41 ans, le 7 mars 1688, avec deux de ses filles, Marie-Josephte et Thérèse. Il y avait une épidémie d’influenza à l’époque. Aujourd’hui, on parlerait de grippe. Ils furent inhumés au cimetière de la paroisse de Rivière-Ouelle le lendemain.
Deux de ses fils, Pierre et Mathurin, fondèrent chacun une famille et donnèrent naissance à de nombreux enfants. Les descendants de Damien occupèrent le patrimoine ancestral jusqu’en 1909, prouvant par là leur attachement aux biens ancestraux ainsi qu’à leurs traditions.
Aujourd’hui, tous les Bérubé du Québec descendent d’un seul et même couple : Damien Bérubé et Jeanne Savonnet. Le Québec compte environ 14 100 Bérubé. Près de 25 % d’entre eux habitent au Bas-Saint-Laurent.
A Rocquefort, nous avons régulièrement la visite des descendants qui sont particulièrement heureux de rencontrer leurs cousins normands.